Les différentes situations et les signes de mal-être sont traités sous forme de fiches thématiques.
Chacune d'elles fournit des informations et des conseils pour comprendre et agir.
D'éminents spécialistes y ont ajouté leur « parole d'expert » pour mieux vous éclairer.
En fin de chaque fiche, vous trouverez des aides possibles et une bibliographie.
La cocaïne, extraite des feuilles du cocaïer, se présente sous la forme d'une fine poudre blanche inodore. Elle est destinée à être sniffée mais peut également être fumée (sous forme de cailloux) ou injectée par voie intraveineuse. C'est une drogue psychostimulante réputée accélérer de façon factice l'activité du cerveau. Ses propriétés pharmacologiques varient en fonction de la façon de la consommer. Par exemple, le sniff entraine un effet 10 à 20 minutes après usage, qui se prolonge pendant une demi-heure environ.
Elle est la plupart du temps « coupée » avec d'autres substances plus ou moins toxiques qui accroissent sa dangerosité (médicaments psychotropes, anti-champignons, antalgiques, anesthésiques, etc.).
Son dérivé, le « crack » ou « free base », obtenu après traitement chimique encore appelé « cocaïne base », se présente sous la forme de petits cailloux mélangés à du bicarbonate ou de l'ammoniaque. Il est inhalé après chauffage du mélange. Ses effets sont plus puissants, plus immédiats et plus intenses que ceux de la cocaïne sous forme de poudre.
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La cocaïne est actuellement la seconde substance illicite la plus consommée après le cannabis. Elle représente environ 20 % des prises en charge dans les services spécialisés en addictologie. Longtemps cantonnée aux milieux aisés et « branchés », sa consommation s'est élargie et démocratisée. De nombreux facteurs, comme la saturation du marché Nord américain ; un marché économique européen relativement vierge en cocaïne; de nouvelles filières d'exportation ; la baisse du prix au gramme (60 euros le gramme en moyenne) et une image moins stigmatisante que les autres drogues, expliquent l'augmentation de l'usage de la cocaïne en France. |
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La cocaïne a de nombreuses conséquences sur le plan physique. Elle multiplie par 24 le risque d'infarctus cardiaque dans l'heure qui suit la consommation (c'est imprévisible) et provoque des troubles du rythme cardiaque (du fait de la constriction des vaisseaux sanguins). Le partage de matériel de consommation est à risque de transmission d'infections de type VIH, hépatites B et C (pailles, pipe à crack, seringues). La désinhibition induite par la cocaïne peut être vectrice de relations sexuelles non protégées et donc d'infection sexuellement transmissible (IST). Sniffer de la cocaïne a des conséquences sur la cloison nasale (lésions, perforations, etc.). Elle a des conséquences pulmonaires (saignements, toux chronique, infections) lorsqu'elle est fumée sous forme de crack ou de free base. Sur le plan neurologique, elle peut être responsable d'accidents vasculaires cérébraux, de crises d'épilepsie.
L'usage régulier de crack provoque une altération de l'état général (épuisement psychique et physique), des lésions aux mains et aux lèvres liées aux pratiques de consommation. Les consommatrices ont des troubles du cycle menstruel et s'exposent gravement lorsqu'elles sont enceintes à des accidents intra-utérins.
Au niveau psychologique et psychiatrique, la cocaïne peut être à l'origine de dépression, de suicide (première drogue après l'alcool), de crises d'angoisse, d'effet « parano » (surtout après 3 années de consommation), de comportement compulsif de recherche de cailloux de crack, d'épisodes délirants, de troubles de la mémoire, de l'attention, de la concentration, de la prise de décision. Cette drogue stimulante est à l'origine de l'aggravation d'une maladie bipolaire, d'une schizophrénie ou d'un autre trouble psychiatrique.
Il existe souvent d'autres addictions associées et la dépendance au tabac concerne 75 % des sujets dépendants à la cocaïne.
Sur le plan social, la cocaïne augmente le nombre d'interpellations par les forces de l'ordre. D'autres consommations comme l'alcool sont souvent associées.
Chez les consommateurs réguliers, il existe des alternances de périodes d'euphorie (qui s'amenuisent avec le temps), des signes dépressifs, une fatigue, des troubles du sommeil (insomnies) et de l'angoisse. L'hyperactivité et l'absence de fatigue durant les phases de consommation contrastent avec celle du sevrage (manque) où les sujets sont abattus, dorment beaucoup, ont mal un peu partout, ont des nausées, des sueurs, et des comportements changeants.
Ces signes non spécifiques peuvent mettre sur la piste d'une addiction à la cocaïne.
Plus gravement et plus tard, les sujets qui sniffent beaucoup peuvent de profil avoir un nez de boxeur en raison d'un affaissement des ailes du nez dû à des lésions de la cloison nasale. A l'extrême, une perforation du palais, une nécrose de la cloison nasale ou de la face sont possibles.
Il convient de rester attentif face à :
- un désinvestissement scolaire total,
- une désocialisation progressive,
- des nuits passées dehors et des journées consacrées au sommeil,
- une perte d'appétit importante,
- un écoulement nasal permanent,
- des pailles, tickets de métro qui traînent sans raison dans la maison, un morceau de miroir, un tube en verre, voire une seringue,
- une augmentation inexpliquée des dépenses,
- la disparition de certains objets.
L'addiction avec ses consommations, le manque, le « craving » sera à l'origine d'une instabilité de la personne, de conflits intrafamiliaux. La maladie addictive mettra parfois des mois à se révéler. Dès lors que les parents seront confrontés à l'addiction de leur enfant et que la drogue fera partie de leur vie, la relation conflictuelle va crescendo. La polyconsommation complique énormément la prise en charge.
A la panique, l'effroi ou la colère, succède en général chez les parents un double sentiment d'impuissance et de culpabilité qu'il est nécessaire de dépasser pour mieux aider leur enfant.
La réaction rapide de l'entourage dès la prise de conscience de la gravité de la situation est nécessaire pour mettre en place une prise en charge thérapeutique adaptée à la personne addict.
Il est capital de déterminer depuis combien de temps le jeune s'adonne à la consommation de ces substances, sachant que les troubles liés à l'usage de la cocaïne varient selon les personnes, la dose, la quantité consommée et la voie d'administration utilisée.
Cette maladie doit être traitée de façon multimodale comme une maladie cardiaque, un diabète ou un cancer. La désintoxication est la première étape pour initier l'abstinence (3 semaines en moyenne). Elle nécessite un traitement médicamenteux (même s'il n'existe pas de traitement de substitution, un suivi psychologique, médical et social. Une fois l'abstinence initiée, la seconde phase du traitement est le maintien d'abstinence ou la prévention de la rechute. Cette longue phase implique un suivi médicamenteux et psychothérapeutique. Le suivi dure au minimum une année pour stabiliser les choses.Le médecin de famille peut être de bon conseil et orienter vers un dispositif de soins appropriés avec l'aide de structures compétentes. Son rôle dans le suivi du patient addict est capital.
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La cocaïne est la seconde drogue la plus consommée en France. De l'expérimentation à l'addiction, elle touche maintenant toutes les classes sociales sans distinction. Son prix au gramme a énormément chuté ces dernières années. Cette drogue psychostimulante, sournoise, fait entrer le patient dans un cycle bipolaire où prédominent la recherche d'euphorie et la lutte contre l'envie irrésistible de consommer (« craving »). Au début, le sujet pense maîtriser mais il va être vite dépassé par la substance. Les complications physiques (infarctus, troubles du rythme, ou arrêt cardiaque, infections sexuellement transmissibles, VIH, hépatites, problèmes ORL, etc.), psychiatriques (dépression, suicide, délire aigu, etc.) et sociales sont nombreuses. Les co-addictions sont fréquentes avec le tabac au premier plan.
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Septembre 2015. Mise à jour nov. 2016
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Drogues Info Service
www.drogues-info-service.fr
0800 23 13 13 -
CSAPA (Centre de Soins, d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie).
La liste des CSAPA est publiée chaque année au Bulletin des Actes Administratifs de la Préfecture du département dans lequel le centre se situe.
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ACA (Association Cocaïne Anonymes) sur le modèle des AA (Alcooliques Anonymes) (alcool).
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CJC (Consultations Jeunes Consommateurs).
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MILDECA (Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues Et les Conduites Addictives).
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EMERGENCE Espace Tolbiac,
Centre de soins spécialisé en toxicomanie, Département de psychiatrie de l'adolescent et du jeune adulte de l'Institut Mutualiste Montsouris,
Addictologie de l'adolescent et de l'adulte jeune
Traitements de substitution
Equipe mobile Emergence
2-6, rue Richemont
75013 PARIS
www.emergencetolbiac.fr
01 53 82 81 70
Bibliographie non exhaustive comprenant des ouvrages de référence :
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Addiction à la cocaïne – Le Flyer – Décembre 2013 pmb.santenpdc.org/opac/doc_num.php?explnum_id=15959
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Addiction à la cocaïne,
Laurent Karila, Michel Reynaud, Flammarion, 2009 -
Les Addictions (idées reçues)
Laurent Karila, Le Cavalier Bleu, 2008 - 24 réponses sur la cocaïne, INPES 2010
www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/pdf/1268.pdf - Cerveau, drogues et dépendance,
Lucas Salomon, Belin : pour la Science, Paris, 2013. -
L'addiction chez les adolescents,
Nicole Battaglia et Fabien Gierski (Collectif), Bruxelles, De Boeck Solal, 2014. -
Les addictions,
Didier Acier, De Boeck, Bruxelles, 2012.
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Le trafic de drogue. Pour un contrôle international des stupéfiants,
Mario Bettati, Odile Jacob, 2015.
- Une histoire de poudre : la cocaïne : tout le monde en prend. Pourquoi ?
Laurent Karila et Sophie Verney, Flammarion, 2010. -
Plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les conduites addictives,
2013-2017,
www.apmnews.com/Documents/planluttedroguedef.pdf

(Listes non exhaustives. N'hésitez pas à nous faire part des adresses ou des ouvrages qui pourraient compléter ce document)